dimanche 22 décembre 2019

L'Australie a-t-elle vraiment battu des records de chaleur ?

La nouvelle a fait les manchettes des médias de grand chemin subventionnés : il n’avait jamais fait aussi chaud en Australie. C’est incontestable et incontesté. C’est du moins ce qu’on lit dans nos régions.


En Australie, par contre, il en va autrement. Un débat s’est engagé à ce sujet sur Sky News (voir les vidéos en anglais ci-dessous) et dans les colonnes de The Australian (tirage de 814 000 exemplaires papier, 2 394 000 avec l’internet).

La scientifique australienne Jennifer Marohasy (ci-contre) a contesté la méthodologie qui sous-tend les déclarations du Bureau de météorologie australien selon lesquelles l’Australie a connu ses deux journées les plus chaudes jamais enregistrées cette semaine.

Le bureau a déclaré jeudi que son analyse préliminaire des données d’environ 700 stations météorologiques à travers le pays indiquait que mercredi 18 décembre était le jour le plus chaud jamais enregistré en Australie, avec une température diurne maximale moyenne nationale atteignant 41,9 °C.

C’était un degré supérieur au précédent record de 40,9 °C établi mardi, qui avait lui-même battu la barre des 40,3 °C atteinte en janvier 2013.

Ces valeurs historiques annoncées par le bureau cette semaine sont préliminaires, mais elles sont habituellement confirmées dans les trois jours une fois le contrôle de qualité effectué. Une porte-parole du Bureau de météorologie a déclaré que le Bureau n’annoncerait probablement pas de changement significatif.

« Il ne devrait pas y avoir d’écart entre le classement préliminaire et celui définitif, car les records ont été atteints par des marges relativement importantes », a-t-elle déclaré.

Mais, alors qu’une grande partie de l’Australie souffrait de températures extrêmes mercredi, que les feux de brousse détruisaient des maisons en Nouvelle-Galles-du-Sud et que Sydney était de nouveau étouffé par la fumée des feux de brousse, certains se sont demandé si la chaleur généralisée était vraiment sans précédent.



La Dre Marohasy, critique de longue date de certains calculs du bureau, a déclaré que la méthodologie derrière le calcul était « totalement erronée ».

Elle a critiqué les révisions apportées aux mesures historiques, qui, selon elle, ont abaissé les températures moyennes enregistrées dans le passé, et a déclaré que la qualité de la plupart des données historiques du bureau avait été compromise par des tentatives d’homogénéisation des informations et d’ajustements pour les changements de techniques de mesure.

« Ils continuent de les ajuster et à refroidir le passé », a déclara la Dre Marohasy.

«
Plus les données sont traitées ou transformées, plus elles s’éloignent de la réalité. »

La Dre Marohasy a noté que la température la plus élevée enregistrée par un thermomètre placé dans un abri météo (également appelé abri Stevenson, ci-contre) était de 51,6 °C à Bourke en 1909, ainsi que lors de la chaleur extrême dans l’État de Victoria qui précéda les feux de brousse du Vendredi noir de 1939.


D’autres enregistrements historiques indiquent des températures similaires ou plus élevées ailleurs en Australie avant cette date, bien qu’elle ait déclaré que certaines de ces mesures auraient été affectées par l’utilisation de thermomètres dans des supports Glashier (ouverts sur l’avant contrairement aux abris Stevenson), ce qui rend la comparaison des mesures difficile.

« Nous avons eu quelques semaines chaudes et je sympathise vraiment avec les gens qui luttent contre les feux de brousse. Mais rien de tout cela n’est en fait sans précédent si vous regardez les chiffres historiques. »

 Les relevés des températures les plus hautes à Bourke en 1909 (avant son « homogénéisation »), 125 °F = 51,6 °C
Confirmée dans le résumé mensuel de janvier 1909, plus de détails sur cette « disparition » ici.

La Dre Marohasy critique non seulement l’« homogénéisation » des valeurs historiques qui éliminent des valeurs extrêmes et affectent donc les moyennes maximales, mais elle critique aussi l'impact du remplacement des thermomètres au mercure par le Bureau de Météorologie par des sondes électronique qui peuvent enregistrer une bonne température de 0,4 degré plus chaude pour des conditions identiques. Elle ajoute : « Non seulement le Bureau ne fournit aucune information sur la façon dont la sonde électronique a été calibrée, mais comme je l’ai expliqué au scientifique en chef, il y a aussi le problème lié à la moyenne calculée ».

Elle ajoute : « Il existe une grande variabilité naturelle de la température de l’air (en particulier lors des journées chaudes et ensoleillées dans les régions intérieures), qui était atténuée dans une certaine mesure par l’inertie des thermomètres à mercure. Afin d’assurer une certaine équivalence entre les mesures des thermomètres à mercure et des sondes électroniques, il est courant de faire la moyenne des lectures faites chaque seconde par les sondes électroniques sur une période d’une minute, ou dans le cas de l’US National Weather Service, sur la moyenne des lectures chaque seconde sur plus de 5 minutes. [...] On pourrait conclure que le système actuel est susceptible de générer de nouveaux jours chauds record pour le même temps, en raison de la sensibilité accrue de l’équipement de mesure et de l’absence de lissage. Pour être claire, la lecture instantanée la plus élevée est maintenant enregistrée comme la température maximale pour ce jour pour les 563 stations météorologiques automatiques à travers l’Australie qui mesurent les températures de l’air de surface. »

À cela, il faut ajouter la tendance à refroidir le passé. C’est ainsi que le 1er janvier 1910, la température maximale enregistrée au bureau de poste de Darwin était de 34,2 degrés Celsius. Il y a quelques années, le Bureau a changé cette valeur à 33,8 degrés Celsius, refroidissant la température enregistrée de 0,4 degré. Lors de sa dernière révision de l’histoire climatique de Darwin, la température de ce jour a encore été réduite et n’est plus que de 32,8 degrés.

Le journaliste de l’édition de fin de semaine de The Australian, Graham Lloyd, a demandé au Bureau pourquoi il avait apporté de tels changements. Un porte-parole cité dans le journal répond comme suit :

« Dans le cas de Darwin, un ajustement à la baisse des enregistrements plus anciens est appliqué pour tenir compte des différences entre les sites plus anciens et le site actuel, et des différences entre les thermomètres plus anciens et le capteur automatisé actuel. En d’autres termes, les ajustements estiment à quoi ressembleraient les températures historiques si elles étaient enregistrées avec l’équipement d’aujourd’hui sur le site actuel. »

Pourtant, rappelle la Dre Marohasy, le Bureau avait déjà fourni la même raison il y a à peine six ans pour réduire la température au 1er janvier 1910 de « seulement » 0,4 degré. Ni l’équipement ni le site n’ont changé depuis la publication de la version 1 d’ACORN-SAT en 2012. Pourtant, un autre degré a été raboté aux mesures de température historiques.


Les températures maximales quotidiennes pour le début de 1910, comme indiquées dans les trois ensembles de données différents pour Darwin. Les valeurs brutes (« raw ») acceptées jusqu’en 2012 ont été révisées deux fois à la baisse en six ans (ACORN-V1 et ACORN-V2)

Selon cette critique des mesures du Bureau, celle-ci limite également les valeurs basses qui peuvent être enregistrées. C’est ainsi que des stations météorologiques en haute altitude ont été fermées. Elle ajoute : « Ainsi, les 700 stations météorologiques utilisées pour calculer le jour le plus chaud mercredi peuvent être plus chaudes depuis la fermeture des stations dans les endroits les plus froids du pays. En juin et juillet 2017, des conditions de blizzard se sont abattues dans les Alpes australiennes, mais nous ne saurons jamais à quel point il a fait froid. Parce qu’un lecteur de carte MSI1 a empêché l’équipement — capable d’enregistrer jusqu’à moins 60 — d’enregistrer une valeur en dessous de moins 10 à Thredbo et probablement aussi à de nombreux autres endroits. Il est également impossible de savoir à quel point cet hiver dernier a été froid par rapport à 1994, car la station météo de Charlotte Pass a été fermée en mars 2015 — elle n’est plus opérationnelle. »

Pour la Dre Marohasy, comme elle l’écrivait dans le Spectator, le Bureau de météorologie n’est vraiment pas à la hauteur de sa mission.

L’auteure et climatosceptique Joanne Nova, quant à elle, évoque les récits d’une vague de chaleur en janvier 1896.

« Les rapports publiés dans les journaux de l’époque ont montré que les températures en janvier, avant toutes nos émissions de CO2, variaient de 44 °C à 51 °C dans tout le pays. Des centaines de personnes sont mortes d’apoplexie due à la chaleur », a-t-elle déclaré.

« Des trains d’urgence ont été dépêchés dans l’intérieur de la Nouvelle-Galles-du-Sud pour évacuer les gens de la chaleur insupportable à une époque où personne n’avait de climatiseur ni de réfrigérateur ou encore de congélateur. Les chevaux tombaient dans la rue. »






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